Alain Juppé tente d'apaiser la filière biologique face aux OGM

Publié le par Aquitaine avenir sans OGM

source internet: Challenges

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ORDEAUX (Reuters) - Alain Juppé promet d'être attentif à la production d'une agriculture biologique, exempte d'OGM en France, et reconnaît la contradiction à la faire coexister avec des cultures transgéniques.

A deux jours des élections législatives, le ministre d'Etat chargé de l'Ecologie a reçu une délégation d'agriculteurs de filières biologiques dans son fief en Gironde où il est en ballottage face à la candidate socialiste Michèle Delaunay.

"J'ai pris conscience en les écoutant qu'entre la pérennité de ces filières et la prolifération des cultures OGM il peut y avoir une contradiction et certains exemples étrangers montrent que cette contradiction peut être grave pour les filières de qualité", a-t-il dit à la presse, après un entretien dans sa permanence électorale avec les professionnels.

Le maire de Bordeaux a redit que la présence d'organismes génétiquement modifiés (OGM) dans les produits "bio" lui posait "problème".

Mardi, les ministres européens de l'Agriculture ont adopté un nouveau règlement sur le label "bio". Il autorise la présence de moins de 0,9% d'OGM dans les produits. Cette décision a provoqué la colère des producteurs "bio" et des écologistes.

"Par définition, les produits bio, les produits de qualité sont sans OGM", a dit Alain Juppé.

Le ministre, qui pourrait quitter le gouvernement s'il perd l'élection dimanche conformément à la règle édictée par le Premier ministre, François Fillon, a promis de "regarder si au niveau du règlement d'application (...) on ne peut pas faire en sorte que nous puissions en France continuer à produire des produits bio sans OGM".

"Tout le monde se met à ces cultures OGM au motif que c'est le progrès et c'est la productivité. Peut-être que la qualité pourrait être la carte française. C'est une dimension qu'il faut intégrer dans nos réflexions", a-t-il dit.

CONTAMINATION INELUCTABLE

Jean-Paul Bourdineaud, chercheur au CNRS et professeur à l'université Bordeaux-1 spécialisé dans l'écotoxicologie, a jugé inéluctable la contamination d'une parcelle conventionnelle par des champs d'OGM voisins.

"Les animaux qui mangent des produits OGM finiront par être consommés par les humains" et "aucune étude scientifique digne de ce nom n'a été menée pour savoir quel est le danger pour la santé humaine", a-t-il dit.

Alain Juppé doit aussi gérer une autre décision prise par lui-même et sa collègue de l'Agriculture, Christine Lagarde, qui provoque la colère des écologistes.

Les deux ministres ont décidé de ne pas suspendre la culture du maïs OGM, Mon810, le seul à être cultivé en France à des fins commerciales.

Ils s'appuient sur un nouvel avis d'experts scientifiques selon lequel ce produit ne présente pas de danger. Il va à l'encontre d'une récente étude de Greenpeace selon laquelle la sécrétion de la toxine insecticide censée tuer l'insecte qui attaque ce maïs ne se déroule pas comme prévu.

Pour Jon Harlouchet, président de Bio d'Aquitaine, "aujourd'hui il faudrait arriver à passer des bonnes intentions aux actes".

Le ministre aurait, selon lui, dû suivre l'Allemagne qui après avoir pris connaissance de l'étude a suspendu l'autorisation de ce maïs, en attendant la mise en place d'un plan d'observation sur l'environnement.

A ses interlocuteurs qui lui demandaient l'instauration d'un moratoire "immédiat" sur les OGM en plein champ, le ministre les a invités à "ne pas confondre vitesse et précipitation". Il a prôné la poursuite des concertations.

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